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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/30

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Allons, fit Thérèse en laissant sa besogne, il y a certainement un malentendu. Je descends…

Mais, comme elle sortait de la chambre, quelle ne fut sa surprise d’apercevoir sur le palier un jeune soldat tout souriant, lequel se mit au port d’armes, une main au calot, tandis qu’il présentait de l’autre une énorme botte de roses…

— Hippolyte !

— Soi-même, Madame la Colonelle, dit-il en imitant l’accent d’un tourlourou de café-concert.

Elle était stupéfaite :

— Eh bien, si je m’attendais ! Entre seulement mon cher garçon…

Il était charmant dans sa tunique de lignard au drap de fine qualité, comme celui d’un uniforme d’officier :

— C’est mon premier jour de sortie, fit-il avec une assurance enjouée ; alors, je viens « une fois » me montrer à la dame de mes pensées…

— Les jolies roses ! s’exclama-t-elle pour cacher son trouble. Comme elles sentent bon ! Tu me gâtes. Tu fais des folies !

— Ma solde me le permet, répondit-il d’un air suffisant ; je gagne deux cens par jour !

Elle tournait vivement à travers la pièce à la recherche d’un vase pour les fleurs ; son blanc peignoir voltigeait, remuant un honnête parfum d’iris et de giroflée.

— Hein, comme il fait chaud ! Tu ne veux pas te rafraîchir ?

— Jamais de la vie ! Je ne prends jamais rien entre mes repas…