Aller au contenu

Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
291
LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Cette fois, son sang ne fit qu’un tour. Mais d’une contrainte héroïque, il mata sa fureur :

— Reste ici, dit-il à Vonette d’un ton ferme et qui n’admettait pas de réplique. Je vais revenir tout de suite.

Alors, comme pour éprouver sa maîtrise sur lui-même, il se courba avec une nonchalance étudiée et ramassa le projectile sportif. Puis, bien redressé, il se dirigea lentement vers le court.

— Hé, l’ami, ne te dépêche pas, tu sais !

Et c’était l’autre joueur qui l’interpellait à son tour, tandis que les partenaires féminins attendaient, battant leurs courtes jupes d’une raquette impatiente.

Cependant, Hippolyte était arrivé près du filet. Déjà le joueur qui l’avait hélé le premier accourait, furieux, pour lui arracher la balle quand le soldat l’écarta d’une main rude :

— Holà ! fit-il, un peu moins de hâte s’il vous plaît et beaucoup plus de politesse !

Interdit, le damoiseau le considéra avec stupéfaction, tandis que son compagnon s’avançait pour le rejoindre.

— Apprenez, mes petits messieurs, que l’on ne tutoie pas les gens quand on ne les connaît point. Apprenez aussi que pour rien au monde je ne voudrais être votre ami, comme vous osez m’appeler…

— Eh bien quoi ! Eh bien quoi, railla le survenant. Qu’est-ce que c’est maintenant que cet oiseau-là ! Rends-nous la balle et fous le camp !