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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

D’un geste brusque, Hippolyte lui saisit le poignet :

— Comment dites-vous ? Osez donc répéter pour voir !

— Ah, tu crois me faire peur, crâna le gaillard en essayant de se dégager pour prendre une posture d’attaque.

— Oh, Monsieur, rien ne vous fait peur, je vois bien, si ce n’est les Prussiens !

Il le maintenait toujours solidement dans sa main fine et nerveuse lorsque soudain, à un brusque effort du jeune fat pour échapper à l’étreinte, il l’étendit à la renverse sur le sable.

Les deux petites demoiselles poussaient des cris d’indignation :

— Mais ça n’est pas permis ! Ça n’est pas permis !

— Ce qui n’est pas permis, lança Hippolyte, c’est que des jeunes gens jouent au tennis quand les autres se font tuer pour eux !

Cependant, le second joueur demeurait là, hésitant :

— À vos ordres, Monsieur, si vous y tenez, invita le soldat ; à moins que vous ne préfériez vous mettre deux ou trois ou quatre contre un à la façon des Boches !

Mais celui-ci n’était pas querelleur ni dépourvu de bon sens. Il se rendait compte de sa méprise en interpellant Hippolyte comme il eût fait un domestique. Il voyait bien que le soldat n’était pas un vulgaire « piotte », que c’était même un