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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

garçon très distingué. Alors, comme son camarade redressé faisait mine de s’élancer, il lui barra le passage :

— Non, dit-il, nous avons eu tort…

Et s’adressant au soldat :

— Monsieur, excusez-nous, nous ne savions pas à qui nous avions à faire…

L’autre grommelait encore :

— Ce n’est pas une raison pour…

— Tais-toi, reprit son camarade, et laissons partir Monsieur tranquillement.

Alors, le lignard sur un ton un peu solennel :

— Messieurs, j’accepte vos excuses et consens à vous juger avec plus d’indulgence ; mais c’est à condition que, renonçant à vos jeux, vous vous engagiez dès demain dans nos rangs. Car il nous faut du monde pour repousser l’envahisseur !

Les jeunes filles s’étaient approchées et l’écoutaient, surprises de la courtoisie de ses manières, du charme de sa voix harmonieuse, bien timbrée :

— Et c’est vous, Mesdemoiselles, continua-t-il en souriant, qui persuaderez ces messieurs s’ils hésitaient à faire leur devoir. Car, n’est-ce pas que les vraies femmes n’ont jamais aimé les inutiles, les lâches ?

En même temps, il s’était avancé vers celle qui lui semblait la plus disposée à le comprendre :

— Tenez, je vous rends cette balle en signe de réconciliation et de bonne amitié si vous voulez… Adieu et souvenez-vous !