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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/44

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Vraiment, le métier était moins rude que celui de collégien et le garçon s’en accommodait beaucoup mieux que ses camarades. Certes, il y avait les « petites misères », les consignes imprévues, les sous-offs envieux et bêtes, le tapage des permissionnaires avinés, les rancunes des mauvais coucheurs. Mais, en somme, rien dans tout cela dont on ne pût supporter l’ennui avec de la patience et qu’on n’oubliât tout de suite dès le seuil de la caserne franchi d’un pas allègre…

Parmi les soldats universitaires inscrits à la Faculté de Philosophie, l’un d’eux, fils d’un grand entrepreneur du quai de Mariemont, se faisait remarquer par sa turbulence.

C’était Michel Lauwers, un garçon de moyenne taille mais solide, trapu, et dont la figure vivement colorée exprimait l’insouciance et la bonne humeur. Il jouissait d’une grande popularité parmi ses condisciples et frères d’armes qui s’amusaient de ses facéties autant qu’ils redoutaient ses mots à l’emporte-pièce et ses poignes de boxeur. Car les qualités extérieures exercent toujours un grand prestige sur la masse.

La distinction d’Hippolyte, la manière aisée dont il s’exprimait, son accent parisien surtout, déplaisaient profondément au jeune homme qui