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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/45

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

n’avait jamais témoigné à son camarade une bien vive sympathie. Leurs rapports, sans être manifestement hostiles, étaient empreints d’ironie chez l’un, de réserve et de froideur chez l’autre.

Hippolyte n’ignorait pas que le jeune Lauwers le traitait de snob et de « fransquillon ». À l’Université, il subissait avec une indifférence parfaite les parodies auxquelles se livrait le plaisantin chaque fois qu’il était prié de traduire quelque texte de Tacite ou de Cicéron ; car il prononçait le latin à la française au grand divertissement de l’auditoire. Pour ne prendre que le mot « quinquaginta » par exemple, Hippolyte lisait « couinquageinta » et non « couinequaginneta », comme tout le monde. Et Lauwers de lancer aussitôt des « couin, couin » de canard tyrolien qui déchaînaient le fou rire de ses camarades, égayaient même parfois jusqu’au professeur.

Dans les groupes qui se formaient après le cours, dans les conciles de la société des étudiants, Lauwers, qui était naturellement emporté et toujours pour l’incendie des vaisseaux, contredisait volontiers Hippolyte, refusant d’être de son avis, même s’il avait raison. Il n’était pas toujours le plus fort dans cette petite escrime oratoire, ce qui entretenait sans doute son ressentiment inavoué.

À la caserne, Lauwers se pliait difficilement au régime, affectait des airs frondeurs qui lui avaient déjà valu bon nombre de punitions ; il