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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/55

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

À son tour, elle le considéra un instant avec une expression de vive surprise dans ses beaux yeux noirs : sans doute elle ne s’attendait pas à l’entendre parler avec tant d’aisance et une telle pureté d’accent.

— Eh bien, dit-elle délibérément, vous seriez fort aimable en me prêtant vos cahiers afin que je puisse compléter les miens. Ma longue absence m’a mise en retard et je désire regagner le temps perdu…

Sans doute, l’occasion était bonne de lui demander, dans une phrase aussi adroite que polie, la cause de cette absence mystérieuse. Il s’y refusa, tant il redoutait de paraître indiscret.

— Oh, Mademoiselle, dit-il en souriant, vous m’accordez bien trop de confiance ! Mes cahiers sont rédigés à la hâte, au vol de la plume, si j’ose dire. Bien certainement, ils fourmillent d’erreurs et de lacunes…

Et il s’offrit aussitôt à lui procurer les cahiers d’un de ses condisciples, garçon méticuleux et appliqué dont il affirmait que les notes étaient bien moins imparfaites que les siennes.

— Non, ne vous donnez pas cette peine…

Et, le regard planté dans ses yeux :

— Non, ce sont vos cahiers que je veux.

Il demeura un peu interdit, tandis qu’une chaleur lui montait aux joues.

— Vous me flattez beaucoup, répondit-il après un instant. Soit, puisque vous le désirez, je vous les apporterai dès demain.

Puis se ravisant :