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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/54

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Les soldats étudiants s’empressèrent de quitter leur veston de bagnard et reparurent à l’Université en habits civils. Justement, ce jour-là, la belle étrangère reprenait place à son banc, indifférente au mouvement de surprise que son retour provoquait dans la salle. Son visage n’était pas celui d’une convalescente et ne portait aucune trace de souffrance.

Malgré son ferme propos de ne lui témoigner qu’une politesse stricte, Hippolyte ne put s’empêcher de mettre dans le salut dont il accueillit sa présence une sorte de vivacité étonnée et ravie. La jeune fille ne s’y méprit point sans doute ; de son côté, du reste, elle ne pouvait se défendre d’une certaine curiosité en revoyant son voisin vêtu d’un costume bourgeois d’une coupe très élégante et qui lui seyait à merveille.

Elle sourit presque en lui rendant son bonjour.

Il était écrit que ce jour-là les choses devaient se précipiter. À la fin du cours, comme Hippolyte ramassait ses notes et ses livres, la jeune fille, descellant les lèvres, lui adressa tout à coup la parole dans un français d’une correction parfaite et sans le moindre accent exotique :

— Monsieur, dit-elle d’un ton gracieux, puis-je vous demander de me rendre un grand service ?

Il la regardait, si ému d’entendre cette voix bien timbrée et pourtant très douce qu’il oubliait de répondre. Soudain, avec empressement :

— Mais je vous en prie, Mademoiselle, disposez de moi ! Je serai vraiment heureux de vous être agréable. Que puis-je pour vous ?