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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/65

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

dans la controverse et la discussion de leurs idées un agrément sans cesse renouvelé. Mais c’était Hippolyte qui, jusqu’à présent et sans le savoir, exerçait sur son camarade l’influence la plus marquée. À son contact, le turbulent Michel perdait de sa hâblerie, de son emportement ; sa langue s’épurait d’un tas d’expressions brutales et malséantes ; il travaillait aussi avec moins de nonchalance et d’ennui, ayant trouvé son entraîneur.

Par contre, Hippolyte admirait beaucoup la vive intelligence de son ami et s’étonnait qu’avec ses curiosités scientifiques il se fût dirigé vers le barreau. La rudesse de Michel n’était qu’à fleur de peau ; il savait être bon, mais il l’était sans aucune espèce de sentimentalité ni de raffinement. Il ne perdait jamais de temps à rêver : son perpétuel besoin d’action impressionnait fort Hippolyte qui, lui, était un peu lent parfois à se décider et à agir à cause de son âme plus sensible, contemplatrice de mouvants nuages. Platbrood était le plus « venustus et dicax », comme on disait au temps de Cicéron, mais Lauwers avait peut-être un fond inné d’entendement et de conception qui, bien mis en œuvre et développé par l’étude, pouvait l’élever un jour au-dessus de la moyenne des esprits et mettre en relief sa personnalité. Quelques articles de lui parus dans le Journal des Étudiants et qui répondaient à des provocations de casquettes louvanistes, montraient déjà la clarté de son esprit, le nerf d’un style précis, une logique