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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/75

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

sa détresse, quand il pâlit en voyant s’avancer du fond de la salle la old baby wife avec une tasse de moka qui lui était certainement destinée. Car l’opulente matrone s’était avisée d’aider la demoiselle de la maison dans son rôle d’Hébé.

— Hardi là ! s’écria Michel. Sauvons-nous !

Hippolyte voulait fuir, mais une force inexplicable le retenait à sa place comme si ses semelles adhérassent au parquet au moyen de ce produit magique qui colle même le fer !

Cependant, la veuve n’était plus qu’à faible distance et se composait déjà un visage suave malgré les labeurs d’une digestion difficile, quand soudain Mlle Lauwers intercepta le passage et présenta au jeune homme une petite tasse blanche dont il se saisit avec une brusquerie qui faillit provoquer une catastrophe.

— Combien de morceaux ? dit le bon ange en plongeant la pince dans le sucrier d’argent.

Il comprit qu’elle avait volé à son aide et ils se sourirent.

— Oh, ne me quittez pas, s’écria-t-il avec une terreur comique, l’ennemi rôde encore autour de moi !

— Ne craignez rien, dit-elle, venez !

Et, comme tous les invités discutaient maintenant avec cette verve bruyante que provoquent la bonne chère et les havanes, elle l’entraîna dans un coin tranquille de l’immense salon où ils s’assirent pour causer, tandis que là-bas, M. et Mme Lauwers n’étaient pas toujours si occupés de leurs hôtes qu’ils ne posas-