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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/84

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

dupe de sa fausse réserve. Elle t’occupe beaucoup depuis quelque temps… Oh, ne proteste pas, c’est assez visible ! Tant mieux si elle s’éloigne. Qu’elle retourne là-bas dans je ne sais quel fichu pays ! Bon voyage, Mademoiselle ! On ne m’ôtera pas de l’esprit qu’elle… Je m’entends…

— Tu es fol ! avait protesté le jeune homme en essayant un pénible éclat de rire.

Or, le lendemain matin, comme il promenait sa mélancolie dans le beau jardin affectionné, Hippolyte aperçut tout à coup une jeune femme qui s’avançait vivement à sa rencontre au milieu du chemin de lauriers roses. Elle fut bientôt près de lui :

— C’est moi !

Il oubliait de serrer la main qu’elle lui offrait tant la stupéfaction et l’angoisse inexprimable de son cœur l’avaient subitement mué en statue.

— Mais oui, dit-elle en souriant, c’est bien moi !

Alors, très ému, il répondit d’une voix basse, mal assurée :

— Je pensais à vous…

Elle fixait sur lui ses brûlants yeux noirs :

— Vraiment ! s’écria-t-elle avec une fausse bonne humeur.

Puis, sérieusement :

— Je le crois, ou plutôt j’en suis sûre…

En ce moment, il ne saisissait que le son de ses paroles, occupé surtout à se rendre compte