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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/85

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

de la transformation qui s’était opérée dans sa personne. De fait, il ne la retrouvait pas très bien : elle lui semblait autre. Ce n’était plus la grave, la sombre étudiante d’hier. Son visage avait aujourd’hui, pour la première fois, quelque chose d’animé, de rayonnant. Un canotier de paille fine, la robe de tussor, au corsage échancré, d’une fantaisie plus libre que son costume d’université, lui restituaient toute sa jeunesse resplendissante.

Il fut pris d’un vertige :

— Venez ! dit-il d’un ton sourd, bref.

Et il l’entraîna vers le bosquet montueux sans qu’elle fît aucune résistance. Ils arrivèrent sur le faîte de la petite éminence où l’épaisse futaie les dérobait aux rares promeneurs.

— Qui donc êtes-vous ?

Sa voix était saccadée, frémissante avec un je ne sais quoi d’impérieux qui le bouleversait lui-même. Mais la brutalité de cette question ne parut pas émouvoir la jeune fille. Elle répondit doucement :

— Qui je suis ? Que vous importe !

Il lui avait saisi les mains et, de nouveau :

— Qui êtes-vous ?

Elle hésita un moment, puis abaissant ses paupières :

— Une femme qui vous aime, tout simplement.