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LES CADETS DU BRABANT

la grille d’un boucher qui a acheté le bœuf gras.

Malgré la veulerie symphonique de cette machine, Van Camp s’épuisait en contorsions, se démenait comme un diable. Tantôt il frappait le pupitre d’un bâton colérique pour presser le mouvement ; tantôt, quand les musiciens s’aheurtaient, il levait les bras au plafond en faisant des grimaces d’écorché. Ou bien, subitement radouci et satisfait, il étendait sur l’harmonie des mains bénisseuses. Et parfois, comble de la « stoffera », pris d’une lubie de pianissimo, il chutait de toutes ses forces, posant un épais index sur sa bouche moustachue, comme s’il voulait que l’on n’entendit plus qu’un chant de rêve et comme exhalé, un soupir de la brise à travers les pamplemousses de l’île Maurice, ou bien une lointaine musique de séraphins