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LES DEUX CROISIÈRES

donc vingt mangeurs. Toutefois, nulle dame encore n’avait osé paraître, honnis Mrs  Clift, la femme du clergyman que j’avais déjà remarquée le jour de notre départ et dont j’étais précisément le voisin, circonstance qui m’avait d’abord un peu renfrogné.

Imaginez une grande créature, robustement construite, la vraie femme coloniale, dépouillée de gras fondu, remplie d’os et de muscles. Aucune coquetterie qui eût accentué sa laideur. Toutes ses allures étaient brusques, masculines. Le grand potier s’était sûrement trompé de sexe en pétrissant l’argile de cette virago.

Pourtant, son humeur joviale, son amabilité démentait tout de suite l’expression plutôt rogue de son visage sec et terreux.

Elle parlait d’une voix rude et forte, comme un homme. Elle avait fait d’assez longs séjours dans les Indes, au Canada, au Cap et décrivait ces pays avec une