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LES DEUX CROISIÈRES

Je me levai aussitôt et sans prendre garde aux paroles de mon compagnon ni m’abîmer dans les délicieuses espérances qu’elles n’eussent pas laissé de faire naître chez un esprit moins positif que le mien, je montai sur le spardeck.

La mer s’étalait silencieuse, tout à fait apaisée. Une pâle clarté tombait du ciel dont les nuages ralentis s’entr’ouvraient sur d’immenses cartes d’azur pailleté d’étoiles. La lune allait éclore ; déjà sa lueur avant-courrière miroitait vaguement au lointain des flots.

Il faisait doux. Je me sentais revivre. Plus d’odeurs écœurantes ; je respirais avec enivrement la bonne salure de la mer.

Le Dungeness marchait à dix-huit nœuds. Parfois, une épaisse laine rousse s’échappait des cheminées et stagnait dans l’air calme.

Accoudé sur le bastingage, je goûtais le charme de l’heure. Mon âme était pénétrée d’une félicité tranquille ; je