cœur. Pourquoi je n’ai pas voulu le revoir ? Je me sentais si indigne de lui ! Je me suis jugée et condamnée. Il fallait qu’il se détachât de moi, qu’il me méprisât même ! Alors je me suis conduite comme une femme frivole ; je me suis compromise avec héroïsme ! Je sacrifiais ma tendresse à ce désir de libérer mon ami, de le rendre à une calme destinée. Oui, je me sentais néfaste à cette âme exigeante et fière… Hélas, je n’ai pas réussi ! Jean ne m’a pas oubliée. Est-il donc vrai qu’en amour, tout devient une raison de plus ? Chaque douleur que je lui infligeais me rendait plus chère à ses yeux…
Elle m’interrogeait anxieusement :
— N’est-ce pas que je suis restée en beauté dans son cœur ? Trois ans que je lutte ainsi ! C’en est trop. Mon sacrifice est inutile. Me voici. Je viens le sauver !
Cette femme était réellement fort émue et j’admirais les nobles motifs dont elle parait sa banale trahison.