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LA LIGNE DES HESPÉRIDES

— Oh, je l’aime ! s’écria-t-elle d’un accent sincère ; je le paierai de tous ses chagrins !

Elle saisit mes mains, me supplia de lui venir en aide. Elle se confiait à moi, se soumettait d’avance à ce que j’ordonnerais.

En vérité, je me sentais fort vide de combinaisons ; à tout hasard, je lui fis promettre d’abord de rester invisible, ou du moins déguisée, jusqu’à ce que j’eusse préparé Reynaud à son bonheur. Elle voyageait du reste sous le nom de sa gouvernante, ce qui lui avait permis de déjouer mes premières investigations. Je lui recommandai donc de ne pas oublier qu’elle était une riche bourgeoise de Copenhague et de s’exprimer en danois jusqu’à nouvel ordre.

Tandis que nous parlions, la lune était sortie des flots ; son disque énorme, d’un rouge ardent, montait lentement derrière les nuages déchiquetés et répandait sur la mer une molle traînée de feu. Elle