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LES DEUX CROISIÈRES

Journée radieuse. Le navire glisse gaiement au milieu des facettes de la mer, sans le moindre roulis, comme dans une sorte d’immobile rapidité.

Les émigrants se sont installés sur le pont. Les hommes jouent aux cartes tandis que les femmes cousent, ravaudent et babillent entre elles.

Mes protégés sont assis en face l’un de l’autre à l’arrière, contre la chambre du gouvernail de fortune. Le garçon lit d’une voix sourde dans un petit livre : la jeune fille écoute en tricotant avec agilité une écharpe violette.

Parfois elle arrête ses grandes aiguilles de bois et contemple la mer éclatante, tandis que le jeune homme interrompt sa lecture pour regarder son amie.

Elle demeure pensive ; pour la première fois, je la vois nu-tête. Ses cheveux blonds dénoués, ses joues fraîches, ses yeux limpides, ombragés de longs cils, ses lèvres vives empreignent toute la figure de suavité.