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Mme KAEKEBROECK À PARIS

La ville était pleine d’une rumeur de cataracte ; les ruisseaux torrentiels se ruaient à grand bruit dans les égouts ; les citernes débordaient ; les gouttières, trop étroites, s’épanchaient avec fracas sur les trottoirs.

Et la Senne roulait tumultueusement une purée ocreuse, menaçait de sauter par dessus les ponts.

La Ville Basse commençait à s’alarmer ; l’eau sourdait déjà dans les caves. Et l’anxiété augmentait au récit des anciens contant l’inondation de 1851, quand les rues avaient été changées en canaux où l’on manœuvrait des barques à la godille.

Ces tableaux lacustres épouvantaient les bonnes femmes dont l’imagination débridée se représentait au vif les noyades bibliques du Déluge. Aussi, les ménagères prudentes vérifiaient-elles avec soin leurs seringues à asperger les façades, comptant les faire servir de pompes d’épuisement à l’occasion.

Mais le ciel, pitoyable, démentit ces som-