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Mme KAEKEBROECK À PARIS

— Nous sommes les Hébreux, disait Joseph ; nous traversons la Mer Rouge à pied sec.

Alors ils remontèrent le boulevard sur l’autre rive. Les affiches qui tapissaient les colonnes Morris impressionnaient vivement Adolphine, ces affiches pimpantes, souriantes, effrontées qui animent la rue et font de l’œil aux passants. Elle les trouvait « décolletées ».

De fait, leur nu était loin d’être chaste.

— Non, mais regarde une fois ! Ça est tout de même fort !

Elle était stupéfaite, un peu choquée de ce dévergondage en plein vent. Mais lui, indulgent, rempli d’une aimable tolérance, il admirait ces œuvres de Chéret, de Willette ou de Guillaume. Il en expliquait la spirituelle fantaisie, la grâce, les subtiles couleurs, tout cela mis au service du commerce. Il finissait par la persuader si bien, qu’elle lui décochait un malicieux clin d’œil qui signifiait :

— Bah, je ne suis pas si prude que ça et tu