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Mme KAEKEBROECK À PARIS

Elle demeurait songeuse sans oser faire la comparaison. Mais son esprit, fécondé, commençait à entrevoir des choses nouvelles. Une autre enfance lui était tout à coup révélée, une enfance plus gracieuse et plus fine, une enfance quasi surnaturelle, comblée de tous les dons des marraines fées.

Elle fût restée des heures devant ces petits, à regarder leurs jolis gestes, à écouter leur délicieux ramage, la mélodie de cette langue si pure d’accent, si claire, si nette, si « propre » qu’ils parlaient si coulemment avec des inflexions ravissantes, en virtuoses de la parole.

C’était le frais babil des sources, le chant des fauvettes, le son des flûtes angéliques.

Ici, l’enfance dégageait une séduction irrésistible ; elle avait des ailes ; elle avait mille charmes de plus, la douceur, l’assurance, l’instantanéité, l’abondance de la parole.

Parler, chez nous, c’est une opération difficile, une extirpation de mots qui ne s’exécute