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contiendraient accidentellement de l’iode, d’après Chatin et Casaseca. Banal a aussi constaté dans le jus des feuilles de tabac la présence d’un acide particulier qu’il a désigné sous le nom d’acide tabacique, et qui ne serait qu’un mélange d’acide malique et d’acide citrique d’après Goupil.

Nicotine. C10 H8 AZ (Barral et Ortigosa) ; C10 H7 AZ (Melsens et Schloesing). Le principe actif de la plante, la nicotine, existe à l’état de malate dans toutes ses parties. Elle a été découverte par Reimann et Posselt, étudiée par Boutron, Henry, Ortigosa, Barral. C’est un liquide incolore, volatil, d’une saveur brûlante, d’une odeur rappelant celle du tabac. Sa densité est de 1,048. Elle bout à 250°, est très inflammable et brûle avec une flamme fuligineuse. La lumière l’altère assez promptement et la colore en brun. Peu soluble dans l’eau, elle est très soluble dans l’alcool, l’éther, les huiles fixes et volatiles. Agissant à la manière des alcalis sur les papiers de tournesol et de curcuma, c’est une base puissante qui forme avec les acides des sels difficilement cristallisables, déliquescents, solubles dans l’eau, l’alcool et l’éther. Le chlorure de cobalt la précipite en bleu qui passe au vert. Avec l’eau iodée, elle donne lieu à un précipité jaune, avec la solution d’acide tannique à un précipité blanc abondant. La nicotine exerce une action foudroyante sur l’économie animale. Sa vapeur est si irritante, qu’on respire avec peine dans une pièce où l’on en a répandu une goutte. D’après Barral, un chien de moyenne taille meurt en moins de trois minutes si on la lui place sur la langue.

Les diverses espèces de tabac renferment des proportions très différentes de nicotine. Voici les résultats obtenus dans les analyses faites au laboratoire de la manufacture de Paris :