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DISCOURS

de M. Fulda, de M. Buttner, de M. Schlozer Profeſſeur de Gottingue, &c. En Angleterre, ceux du D. Sharp, de M. Parsons, de M. Cleland, de M. Rowland Jones, de M. Nelmes, du Lord Burnet, de M. le Major Vallancey, &c. L’Académie de Berlin a même propoſé deux prix conſécutifs ; l’un, ſur l’influence réciproque du Langage & des mœurs ; l’autre, ſur l’origine même du Langage.

Des principes clairs & inconteſables ſur ces objets deviennent donc de la plus grande utilité : ils mettront en état de juger les diverses hypothèſes formées à ce ſujet, de voir juſques à quel génie de l’homme a pu deviner la vérité, & comment, par les choſes qu’il voyoit, il a pu juger de celles même qu’il ne voyoit pas.

Mais les mots, conſidérés comme Élémens du Langage, ne peignent que des objets iſolés : il faut, de plus, les réunir pour peindre ces penſées, pour rendre ſenſibles les idées qu’on ſe forme des objets, les qualités qu’on y remarque, les raports qui les lient entr’eux, ceux qu’ils ont avec nous. Et de-là naît la Grammaire Univerſſelle, ſource de toutes les Grammaires particulières. Cette Grammaire nous aprend par quel moyen on lie les mots entr’eux pour en former des Tableaux qui repréſentent aux autres hommes les Tableaux que notre eſprit ſe forme de tout ce qui eſt en nous & hors de nous. Elle eſt par conſéquent pour tous les hommes un objet de première néceſſité, parce que tous ſont apellés à étudier de pareils Tableaux, à en compoſer, à les tranſpoſer d’une Langue dans une autre ; & parce qu’à meſure qu’ils en connoîtront mieux le méchaniſme, ils auront moins de peine à les entendre & à les compoſer.

Il n’eſt donc pas étonnant que l’on ait fait les plus grands