Page:Courteline - Ah Jeunesse!, 1904.djvu/43

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point surgie, — que l’idée du seul-à-seul avec Mlle Mariannet inquiétait mon ingénuité et troublait ma fleur d’innocence au point de me donner la colique ! Bah ! il n’est tels entêtements que les entêtements imbéciles, et c’est ainsi que j’en arrivai, malade d’insomnie, à la fin, et d’entêtement qui proteste, et d’impuissance qui ne veut pas en convenir, et d’aveuglement de parti pris devant les choses et les dieux, à jeter tout bas : « Si ! je le sais ! » à la voix, la mauvaise voix, lentement élevée près de mon oreille et y marmottant : « De l’argent ! Ne sais-tu pas où il y en a ? »

Il y en avait sous ma main, à deux pas, de l’autre côté de la porte.

Oh ! la pauvre boîte de bois blanc, sans un cadenas, sans une serrure, où reposaient, confiantes, les maternelles économies !

La tentation devint trop forte.

Je me levai… Je poussai la porte, qui ne cria pas. D’une main tremblante de voleur, je soulevai le couvercle de la boîte, et, à tâtons, je pris un billet de cent francs. Mais ça ne me porta pas bonheur. Trop de remords me prenaient à la gorge tandis que je retenais mon souffle pour mener à bonne fin ma mauvaise action, mêlés à des terreurs trop grandes d’être