Page:Courteline - Boubouroche.djvu/15

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Hélas !… Au seul sourire, triste et doux, d’Amédée, soudain arraché à son somme et répondant « qu’à moins d’un hasard improbable on ne verrait pas ces messieurs ce soir-là », il comprit l’affreuse vérité : c’était la Fin de Mois, parbleu ! la Fin de Mois dure et cruelle aux petites bourses, par conséquent à celles des sieurs Fouettard et Roth, personnages de conditions humbles, de qui les mois de trente et un jours chahutaient sept fois l’an le budget de dépenses fractionné seulement par trentièmes.

— Eh ! flûte ! s’exclama Boubouroche qui prit congé de la caissière en ces termes plutôt concis, et dont la face, un instant aperçue, s’évanouit, pareille à cette ombre légère si éloquemment évoquée, à l’acte II du Pardon de Ploërmel, par les lèvres de Déborah.

Une minute hésitant, dérouté à l’envisagé d’une soirée tout entière perdue, il tira de son gousset sa montre et constata qu’il était moins de neuf heures.

Alors :

— Au fait !… murmura-t-il.

Et ayant décidé de monter chez Adèle, lui