Monsieur ?
Combien ça fait, tout ça ?
dressées en colonne.
Quatre francs vingt !
Deux francs dix chacun.
Deux francs dix chacun ; c’est cela même.
Au fait, Boubouroche, est-ce que je ne te dois pas huit francs ?
C’est possible.
Possible ? C’est sûr.
Ça ne presse pas, en tout cas.
Non ?
Non.
Alors, oblige-moi donc de payer mes soucoupes. Nous compterons à la fin du mois.
Avec plaisir.
Merci.
De rien. — À demain, hein ?
À demain.
À propos. Paye donc aussi pour moi ; veux-tu ? Je suis sorti sans argent, figure-toi. Je te rembourserai demain soir.
Mais oui, mais oui.
Ça ne te gêne pas, au moins ?
En ce cas…
Au revoir, Boubouroche.
Au revoir, vieux !
Scène II
Boubouroche.
Quoi ?
Paye-moi un distingué, je te dirai ce que tu es.
Je te l’aurais offert sans ça ! Deux distingués, Amédée !
Boum !
Bien tirés, hein !… Pas trop de faux col !
Soignés !
À la nôtre !
À la nôtre !
Eh bien ! Qu’est-ce que je suis ?
Une poire.
Depuis quand ?
Depuis que ta mère t’a mis au monde pour le plus grand bien des tapeurs et des poseurs de lapins. Tu n’as pas honte, gros cornichon, de payer les soucoupes de ces deux carottiers quand ce serait justement à eux de payer les nôtres ? En somme, quoi ? Ils ont perdu.
Qu’est-ce que ça me fait, à moi ? Je ne joue pas pour gagner.
Poire !
Je joue pour mon amusement. J’adore conduire la manille. Et puis que veux-tu ; c’est si pauvre !
Je te dis que tu es une poire.
Tu répètes toujours la même chose.
Oh ! une bonne poire, ça, je te l’accorde, savoureuse et juteuse à souhait. Mais une poire, pour en finir.
Je ne suis pas l’homme que tu supposes.
Avec ton dos de pachyderme et ta tête de sanglier, tu as juste assez d’énergie pour être hors d’état de dé-