Page:Courteline - L'illustre Piégelé, 1904.djvu/82

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avoir eu l’idée, s’étonnant de ne l’avoir pas eue un peu plus tôt.

Par la pensée il remercie le ciel qui l’a créé, ingénieux ; l’évocation lui met un rire sous la moustache, du chien qui l’attend côté cour, cependant que lui, pas bête, s’échappe par le côté jardin.

Soudain, à son oreille :

— Tortillard ! fait une voix. Il se retourne, éperdu.

Sur le seuil de sa pâtisserie qu’illumine le soleil radieux de la matinée, une belle pâtissière ricane du tortillard et s’égaye aux dépens de sa jambe. Il la dégoûte, elle aussi, avec sa saleté de guibolle ; et si, précisément, elle ne le lui aboie pas, elle le lui hurle aux yeux, de ces yeux où les femmes, si bien, savent mettre le coup de couteau de leur écrasante pitié. Et le triste tortillard, déserté de toute espérance, se demande avec anxiété par quelle rue il gagnera désormais son étude, puisque l’implacable providence semble se faire un jeu de le vouer à la férocité de bêtes malfaisantes, qui sont tantôt les chiens de bouchers, et tantôt les belles personnes.