Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/257

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Et le torse en avant, les coudes au corps, ils allongeaient, il fallait voir ! Le tapage de leurs semelles frappant simultanément le pavé, sonnait la danse précipitée du marteau de forge sur l’enclume ; à eux deux ils faisaient patrouille. Aux rues, d’autres rues succédaient, des maisons, puis d’autres encore, s’accotaient à de nouvelles maisons, et quelquefois un trou brusque s’ouvrait ; la descente d’une ruelle à pic filant droit sur la basse ville, leur développait sous les yeux un océan de cheminées, de tuiles rouges, d’ardoises violettes, tout Bar-le-Duc dans une ceinture noirâtre de vignobles et de coteaux.

À l’horizon, un mince filet de fumée signalait l’approche du train.

Croquebol désespérait :

— Mon vieux, nous sommes dans l’siau !

— À cause ?

— À cause que nous y sommes ! Plus possible que nous arrivions !

— Eh ! criait l’autre, va donc toujours ! Si