Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/33

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Quant aux pierrots ; aux pauvres bleus fraîchement débarqués du patelin natal, qu’il se faisait un plaisir d’ahurir sous une grêle ininterrompue de corvées et de punitions, ils en venaient à s’entreregarder, tout pâles, les dents serrées, sans une parole. D’autant que l’adjudant avec eux — comme avec tout le monde, d’ailleurs — gardait une politesse exquise, une douceur de voix presque enfantine qui les achevait d’abasourdir.

Il disait :

— Oh, oh, mon ami, voici une charge qui est bien mal installée ! Vous êtes nouveau venu au régiment, c’est vrai, mais ce n’est pas une raison ! il faut demander un coup de main à votre camarade de lit, quand une chose vous embarrasse ! Que diable, dans la vie, — dans la nôtre surtout — on s’entr’aide les uns les autres ! Vous coucherez au chose ce soir.

Sur quoi, le bleu :

— Mais, mon lieutenant…