Page:Courteline - Les Boulingrin, 1898.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Des Rillettes.

C’est aussi mon avis.

Boulingrin.

Vous m’êtes fort sympathique. (Geste discret de des Rillettes.) Je vous le dis comme je le pense. Sans doute, j’apprécie vivement l’agrément de votre causerie, pleine d’aperçus ingénieux, fertile en piquantes anecdotes et en mots à l’emporte-pièce, mais une chose surtout me plaît en vous : le parfum de franchise, de droiture, qui émane de votre personne. Gageons que la sincérité est votre vertu dominante ?

Des Rillettes, modeste, mais juste.

Forcé d’en convenir.

Boulingrin.

À merveille ! Nous allons l’établir sur l’heure. Donnez-moi votre parole d’honneur de répondre sans ambages, sans détours et sans faux-fuyants, à la question que je vais vous poser.

Des Rillettes.

Je vous la donne.

Boulingrin.

Bien. Dites-moi. Tout de bon là, le cœur sur la main, croyez-vous que depuis la naissance du monde on vit jamais rien de comparable, comme ignominie, comme horreur, comme infamie, comme abjection, à la figure de ma femme ?

Des Rillettes, se levant.

Ça recommence !

Boulingrin, le forçant à se rasseoir.

Ah ! vous en convenez !