Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/143

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— Tonnerre de Dieu ! ce n’est pas fini de troubler la répétition ? Va-t-on nous laisser travailler ?

Une fureur l’emballait. Sur la coque recourbée de la boîte du souffleur, il abattit une volée de coups de canne ; ainsi, au Théâtre Guignol, on voit Polichinelle rouer de coups l’échine pliée du commissaire.

— Suis-je le maître ici, oui ou non ? J’interdis à qui que ce soit d’élever la voix en ma présence !

— Les brutes seront toujours les brutes, crut devoir affirmer Stéphen Hour.

— J’allais le dire, répliqua Hamiet. Nous n’en aurons jamais une preuve plus éclatante.

— C’est pour moi, ça ?

— C’est pour qui veut le prendre. Quand on est morveux, on se mouche.

Du coup :

— Goujat ! fit le musicien.

— Voyou, riposta le directeur.

— Énergumène !

— Sombre idiot !

Ça se gâtait. À voir Stéphen Hour se dresser en diable à surprise, s’élancer les poings en avant, vers le marche-pied adossé à l’orchestre des musiciens qui reliait la salle à la scène, on crut très sérieusement que la farce allait échouer dans le mélo. Par bonheur, les dieux veillaient… Il n’avait pas effleuré de sa semelle le premier pas du praticable que déjà il tournait casaque, haussant l’épaule, inondant le sol d’un jet méprisant de salive.

— Et puis voulez-vous que je vous dise ? Je fous le camp, tenez, j’aime mieux ça !

— C’est cela ! s’exclama Hamiet ; cavalez et qu’on ne vous