Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/144

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revoie plus ! Quel débarras, bonté divine ! On va donc enfin pouvoir…

Quoi ? C’est, hélas ! ce que l’auditoire demeura inapte à connaître, les paroles de l’orateur s’étant noyées à l’instant même dans le charivari de verres cassés qui signalait le passage de Hour par le vestibule de sortie aux portes vitrées et battantes.

Les dents serrées :

— Sauvage ! murmura Hamiet.

C’est tout ce que lui dicta son appétit de vengeance. Telle fut, d’ailleurs, son allégresse à sentir l’ennemi disparu, qu’il en devint tout à fait exquis. Il leva la répétition, déclara que, vu l’heure tardive, ces dames et ces messieurs étaient autorisés à prendre des voitures au compte de la maison, et envoya le garçon d’accessoires chercher des moss et du champagne que l’on sabla debout, au succès de la pièce, autour d’un guéridon de jardin trouvé flânant dans la coulisse. Ce diable d’homme entraînait des foules à ses trousses, les ralliait à ses convictions, comme jadis, à son panache blanc, Henri IV ralliait des armées. C’est avec une bonne foi naïve, exempte de toute arrière-pensée qu’on célébrait d’ores et déjà la deux centième de Madame Brimborion, lorsque lui, soudainement :

— Ah !

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Cozal. Tu as avalé de travers ?

— Une idée !…

— Encore !

— Épatante ! Si le docteur avait le diabète et le tambour-major aussi ?

— Le diabète ? répéta Cozal stupéfait.