Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/161

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Elle s’interrompit, soupira ; puis, après un instant de silence :

— Oh ! reprit-elle, avoir un amoureux… un vrai !… un amoureux qui vous câline, vous berce, vous dit de ces choses tendres, tendres, qu’on ne comprend pas toujours très bien, mais qui sont… — Comment dirai-je ?… — qui sont comme quand on vous sourit !… Je vous fais rire, hein ! Je suis stupide ?

Le coup de clarté d’un bec de gaz lui avait dénoncé le coin de lèvres de Cozal, que soulevait une moquerie.

Lui se récria :

— Quelle bête d’idée !… Vous dites là des choses charmantes, au contraire ! Seulement…

— Seulement ?

— Seulement, vous ne le tiendriez pas, votre amoureux idéal, que vous l’auriez déjà trompé avec un autre.

— C’est une erreur, fit-elle gravement.

Incrédule, il sourit.

— Ah ! ouat !

Hélène fit halte, pour le coup.

Et solennelle :

— Je vous le jure, Robert !

Sans qu’il sût au juste pourquoi, il éprouva un grand charme à l’entendre l’appeler ainsi, de son prénom. Il appuya contre son cœur les deux petites mains accrochées à son bras.

— Je vous crois, chère enfant, dit-il.

Et, comme « l’enfant », encouragée, parlait des potins, mensongers, dont sa bonne renommée payait, hélas ! les frais,