Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/206

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— Oui, maman.

— Tu n’as plus le sou !

— Non maman.

— Ah ! mon Dieu.

Ce fut tout. Elle tira sa bourse.

— Tiens, voilà deux louis, grand serin. Tâche au moins que ça te profite.

Cinq minutes plus tard je réintégrais l’atelier à la manière d’un obus.

— Lamerlette, criais-je, v’là deux louis ! et voilà aussi la pendule !

Lamerlette n’y comprenait rien. En trois mots, je le mis au fait. Alors, nous nous prîmes par les mains et nous nous mîmes à danser comme deux énergumènes en braillant à tue-tête :

— Vive la vie ! Vive la joie ! Vive le père Zackmeyer ! Vive la mère Maudruc !


Il se tut. Il rétrograda de quelques pas, clignant des yeux pour mieux juger l’aspect de sa toile. Mais, à ses hochements de tête, je le sentais rêveur, la pensée à cent lieues de là, partie à la chasse aux souvenirs. Et par trois fois, du bout de ses lèvres serrées :

— Jeunesse ! Jeunesse ! Jeunesse ! murmura-t-il.