Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/246

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d’ami. Pas de nerfs ! Toujours de bonne humeur ! Je n’ai jamais rencontré – j’ai pourtant connu bien des femmes – de camarade plus charmante et plus gaie.

Nous jouions ensemble comme des gosses ; je lui pinçais le gras des bras, ou les hanches, et elle m’envoyait des taloches que je lui rendais avec usure, tandis que Laurianne, la pipe à la bouche, criait :

— N’aie pas peur, Lavernié, vas-y ; tape dessus ; la bête est dure !

J’ai toujours aimé ces jeux de brute.


II

Un soir, comme en sortant de table j’avais emmené Laurianne prendre un bock dans une brasserie du boulevard Clichy, je ne sais quelle idée me prit de lui dire à brûle-pourpoint :

— Ah ! c’est égal, Angèle est vraiment une belle fille !

Bon, ne voilà-t-il pas mon bonhomme qui me regarde fixement et me demande si elle me plaisait.

Je lui dis :

— Elle me plaît sans me plaire ; qu’est-ce que tu veux qu’Angèle me plaise dès l’instant qu’elle est avec toi ? Je la trouve belle fille, voilà tout. En voilà encore une question !

Il reprit :

— Ah ! je vais te dire ; c’est parce que si quelquefois tu avais envie de coucher avec, il ne faudrait pas te gêner.

Je le regardai, à mon tour.

— Ah çà ! lui dis-je, qu’est-ce qui te prend ? Est-ce que je te parle de ça, moi ? Je te dis que je trouve Angèle une