Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/39

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les battants entr’ouverts laissaient voir une armée dépenaillée d’in-18.

Ceci fait :

— Misérable ! prononça-t-il en marchant les poings clos sur Marthe.

Elle demanda :

— Pourquoi me parles-tu ainsi ? Tu sais bien que je n’ai rien fait. Est-ce ma faute si mon mari revient ?

Il répondit :

— Oui, c’est ta faute !

C’était tellement exorbitant qu’elle ne put se défendre d’un haussement d’épaules.

— Tu l’as assez souhaité, ce retour ! poursuivit Robert Cozal lâché toutes voiles dehors dans les mauvaises défaites, en homme que mettent hors de lui les petites vexations de la vie, et qui n’hésite pas, faute de mieux, à demander des consolations aux douceurs âpres de l’injustice.

— Ce n’est pas vrai, dit Marthe doucement.

— Ce n’est pas vrai ?…

— Non, ce n’est pas vrai. Il faut que tu aies perdu la tête pour me poser une telle question. Moi ? Moi ? J’aurais souhaité ce retour ? alors que, le sentant obligé, imminent, voilà quinze jours que je ne vis plus ?

— Tu mens ! cria Cozal.

Elle sourit.

— Je mens !…

— Oui, tu mens ! affirma de nouveau le jeune homme, qu’énervait, sans qu’il sût pourquoi, l’extrême douceur résignée de sa maîtresse. Tu mens aujourd’hui comme tu as menti hier, comme tu as menti toute la vie ! Car elle est là tout