Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/69

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il lui cachait la figure comme par jeu, il avait entendu ses cris effarouchés mêlés de rires étouffés et de défis ; il avait eu l’affolante vision des dessous tout à coup aperçus, des lingeries où courent des rubans bleu pâle ; et des petits pieds qui battent l’air, et des petites mules qui les coiffent, et des longs, des très longs bas noirs, qui grimpent à l’assaut des jambes fines, escaladent les genoux, se faufilent sournois par l’étranglement des tuyautés.

C’était ainsi qu’il l’avait conquise, en effet, après une courte comédie de défense à laquelle rien n’avait manqué : ni, avant, les rodomontades d’une rouée qui joue la gamine et feint de ne pas prendre les choses au sérieux ; ni, pendant, les supplications, les appels au mari absent, les bras qui repoussent sans force ; ni, après, les faux désespoirs, les grands mots, la scène des larmes qui ne veulent pas venir et de l’œil consterné qui contemple l’abîme avec une dernière langueur de jouissance sous les cils.

— Cré nom ! fit-il, à mi-voix.

Il déposa sa plume, roula une cigarette, tâchant à se changer le cours des idées.

À ce moment :