Je m’explique. Certain d’avoir été stupide
Avec ampleur, et fourbe avec tranquillité,
D’avoir enfreint les lois de la pudicité
Et consterné les plus grands ivrognes de France
Du spectacle émouvant de mon intempérance,
D’avoir enfin, — de quoi j’atteste ici les dieux ! —
Tout fait au monde afin de me rendre odieux,
Je viens, avec la paix des consciences sereines,
Solliciter de vous mes petites étrennes.
Landhouille. — Parce que vous avez bu mon vin, fait
des horreurs dans ma chambre à coucher et démantibulé les
lieux, il faut que je vous donne des étrennes ? Vous avez
une certaine santé. (Il tire vingt sous de sa poche.)
Voici vingt sous. C’est bien pour encourager le vice.
(Lui ouvrant la porte du fond.) Et maintenant, du vent,
s’il vous plaît !
Le soldat.
Il n’est pas de petite offrande ;
De petite obole il n’est pas ;
Quant aux vingt sous, je vais les boire de ce pas,
En priant Dieu qu’il vous les rende.
Landhouille. — Serviteur aux carottiers. Bonjour, mon ami.
Bonjour.
Le soldat sort.
Scène III
Landhouille, seul ; puis un cocher de "l’Urbaine"
Landhouille. — J’ai vu des gens avoir du culot, mais pas
dans ces proportions-là. Ah ! si on n’avait pas le trac de
passer pour un crasseux !… (Il revient à la table et s’y installe.) Voyons, nous disons… nous disons…: "à l’amant
de Célestine…" (On sonne.) Qui est-ce qui vient me raser ?
Il va ouvrir. Apparition d’un cocher de l’Urbaine. Ce vieillard congestionné est vêtu d’un manteau à quadruple pèlerine. D’une main, il tient son fouet, de l’autre son chapeau blanc.
Landhouille. — Un cocher, à présent