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Une Lettre chargée

La Brige. — C’est ce que je voulais dire. — Vous avez une sœur ?

L’employé. — Oui, monsieur.

La Brige. — Fort blonde ?

L’employé. — Fort blonde.

La Brige. — C’est bien ça. La délicieuse jeune fille !… Je la fis valser bien des fois ! Je vous prie de m’excuser si je ne vous ai pas reconnu : je ne m’attendais pas au plaisir de vous voir, puis vous êtes à contre-jour. Enchanté de vous retrouver en bonne santé. Votre sœur va bien ?

L’employé. — À merveille.

La Brige. — Veuillez me rappeler à son souvenir et lui faire tous mes compliments.

L’employé. — Je n’y manquerai pas.

La Brige. — Mille grâces. — Donc, vous avez une lettre pour moi, une lettre chargée contenant cent francs ?

L’employé. — La voici.

Il la lui fait voir.

La Brige. — Bon !

Il avance la main par l’ouverture du guichet.

L’employé, qui recule la sienne. — Pardon.

La Brige. — Qu’est-ce qu’il y a, monsieur ? Vous ne voulez pas me donner ma lettre ?

L’employé. — Je veux bien vous donner votre lettre, mais il vous faut, au préalable, justifier de votre identité.

La Brige. — À qui ?