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Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/72

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un jour, une fois par hasard, tu as pu t’en apercevoir et en avoir été touchée : c’est donc moi qui suis dans mon tort. Eh bien ! ma fille, j’y suis, j’y reste. J’en ai par-dessus les épaules et tu commences à m’embêter.

VALENTINE

Nous ne sommes pas dans une écurie. Je n’ai pas l’habitude qu’on me parle sur ce ton-là.

TRIELLE

Tu n’auras que la peine de la prendre.

VALENTINE

C’est ce que nous verrons.

TRIELLE

C’est tout vu.

VALENTINE

Mon cher…

TRIELLE

Tu veux entrer dans des explications ? Entrons ; ça nous promènera. Voilà, je te le répète, cinq années que ma bonne volonté crédite ta mauvaise grâce, et qu’obstiné à dépister ton cœur, — ton cœur qui est là, car il y est ! — je pardonne chaque jour à la veille, dans l’espérance, toujours déçue, du lendemain. Les premiers temps de notre mariage, je tentai de la persuasion, et t’exaltant comme il convenait les avantages de la concorde, la joie des unions introublées, je te tins des discours dictés par la douceur et par la mansuétude mêmes… Peines perdues. Une fois que j’avais en vain, une heure, procédé par le raisonnement, la patience m’échappa. Je me levai, je te pris par le fond de tes jupes, puis, t’ayant étroitement logée sous mon bras gauche, de ma dextre agitée du geste familier aux lavandières à l’ouvrage, je t’administrai…

VALENTINE

Voilà une belle action