Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/77

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faiblesse de te pardonner trop de fois et que tu me l’as fait payer trop cher. Car avec vous, encore, il n’y a pas de milieu : si vous ne passez pas par nos mains, c’est nous qui passons par les vôtres. Alors flûte !… (Valentine veut parler.) N’insiste donc pas, je te dis que tu perds ton temps. Et puis, que fais-tu là ? Tu ne t’en vas plus ? A cause ? Je croyais que tu souffrais trop. Allons va, ma petite fille, sauve-toi. Retourne auprès de tes parents. Cela vaudra mieux pour nous deux.

VALENTINE

Je t’en supplie, je t’en conjure, donne-moi mes cent cinquante francs ! Si tu ne me les donne pas, je vais devenir folle !

TRIELLE

Pour ce que ça te changera…

VALENTINE

Écoute.

TRIELLE, un peu agacé, un peu amusé aussi.

Oh !

VALENTINE, se cramponnant à lui.

Laisse-moi donc parler. Pour les cent cinquante francs…

TRIELLE

Encore les cent cinquante francs !

VALENTINE

… Tu me les retiendras un autre jour… le mois prochain… quand tu voudras, mais pas aujourd’hui, mon Dieu ! pas aujourd’hui !… Aujourd’hui, vois-tu, je les veux !… il me les faut !… j’en ai besoin !

TRIELLE, étonné de la façon dont le mot a été prononcé.

À ce point là ?… Regarde-moi un petit peu, Valentine. Tu as fait une bêtise ? (Mutisme éloquent de Valentine.) Naturellement.