our cinq mille francs au moins de meubles. Laissez-m'en enlever une moitié et gardez l'autre en garantie.
Monsieur Saumâtre. --- Non.
La Brige. --- Remarquez que je vais vous signer des billets, payables après-demain matin.
Monsieur Saumâtre. --- Je n'accepte pas cette monnaie.
La Brige. --- Pourquoi? Elle en vaut une autre. Des meubles sont toujours des meubles, et des billets sont toujours des billets. Si les billets que je vous offre ne sont pas payés à l'heure dite, eh bien! vous ferez saisir mes meubles à mon nouvel appartement.
Mutisme de M. Saumâtre.
La Brige. --- Nous vous laisserions, par exemple, le buffet de la salle à manger, qui vaut vingt-cinq louis comme un liard, et tout le mobilier du salon.
Hortense. --- Y compris le piano.
La Brige. --- La garniture de cheminée.
Hortense. --- Le baromètre.
La Brige. --- Et le bronze de chez Barbedienne que nous avons gagné à la loterie de l'Exposition. Le diable y serait, voilà une proposition acceptable!... doublement avantageuse, puisqu'elle sauvegarde votre créance et, du coup, nous permet, à nous, de sauvegarder notre dignité, en emménageant comme tout le monde, dans des conditions décentes.
Monsieur Saumâtre, dans un pâle sourire. --- On se fait bien des illusions sur l'état de propriétaire.
La Brige, qui commence à rager. --- L'état de locataire sans argent est bien plus enviable sans doute, et je vous plains de tout mon coeur.
Monsieur Saumâtre. --- Il suffit. Vos impertinences ne parviendront pas à me convaincre.
La Brige. --- Je ne suis pas impertinent. Je constate simplement que dans toute cette affaire vous faites preuve d'une étrange mauvaise volonté.
Monsieur Saumâtre. ---