Page:Courtois - Isocrate, le prêtre Testis unus et l'abbé Thise.djvu/9

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Testis unus. La religion est d’une part l’évangile, et de l’autre les conciles, qui veulent que hors du sein de l’église il n’y a pas de salut, et que si l’on ne croit à l’infaillibilité du pape, comme à la grace concommittante, on sera damné.


Isocrate. Dieu me préserve d’approfondir l’infaillibilité du pape, la grace concommittante, et mille choses bardées de semblables noms ; j’ai trop de respect pour la grace concommittante sur-tout, je me tairai sur elle, cela ne coûte rien à un galant homme : mais je vous observerai que la religion n’est autre chose que le rapport de l’homme avec Dieu ; qu’elle est la science et l’observation du culte qui est dû à l’éternel ; qu’elle est, comme dit Homere, (ce grand poëte qu’on a privé des honneurs du calendrier,) la colonne auguste qui pose sur la terre, et dont le faîte est au ciel ? je vous dirai que c’est blasphêmer contre la divinité que de raisonner comme vous le faites, et de cette maniere : la vérité n’est que dans un coin de la terre ; la religion n’est qu’à Rome, parce que les cardinaux l’ont voulu ainsi ; or, l’erreur est sur les trois quarts de la terre, et le crime est au-delà de Rome ; donc les catholiques, apostoliques et romains seuls seront sauvés. Il nous appartient bien, à nous, foibles mortels, de déclarer qu’une vérité commune à tout le genre humain est une vertu pour nous ! d’ailleurs, commande-t-on à la conscience ? Oh ! Messieurs les fins de la terre, vous auriez bien voulu qu’on lui dictât des loix rigoureuses et contraignantes ; comme vous aviez une belle oc-