Page:Cousin - De la métaphysique d’Aristote, 1838.djvu/150

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Thalès, le fondateur de cette manière de philosopher, prend l’eau pour principe, et voilà pourquoi il a prétendu que la terre reposait sur l’eau, amené probablement à cette opinion parce qu’il avait observé que l’humide est l’aliment de tous les êtres, et que la chaleur elle-même vient de l’humide et en vit[1] ; or, ce dont viennent les choses est leur principe. C’est de là qu’il tira sa doctrine, et aussi de ce que les germes de toutes choses sont de leur nature humides, et que l’eau est le principe des choses humides. Plusieurs pensent que dès la plus haute antiquité, bien avant notre époque, les premiers théologiens ont eu la même opinion sur la nature : car ils avaient fait l’Océan et Téthys auteurs de tous les phénomènes de ce monde, et ils montrent les Dieux jurant par l’eau que les poètes appellent le Styx. En effet, ce qu’il y a de plus ancien est ce qu’il y a de plus saint ; et ce qu’il y a de plus saint, c’est le serment. Y a-t-il réellement un système physique dans cette vieille et antique opinion ? c’est ce dont on pour-

  1. Rapport du système d’Aristote à celui de Thalès, de l’ύδωρ à l’ύΎρόν, considéré comme le principe même du chaude, τό θερμόν, et par conséquent comme principe unique. Histor. Animal. I, 4, Bekke. I, 489. De partibus animal. II, 3, Bekk. I, 649. Meteorol. IV, 4. De longitudine et brevitate vitæ, 5, Bekk. I, 240.