Page:Cousin - De la métaphysique d’Aristote, 1838.djvu/151

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rait douter[1]. Mais pour Thalès on dit que telle fut sa doctrine. Quant à Hippon, sa pensée n’est pas assez profonde pour qu’on puisse le placer parmi ces philosophes. Anaximène et Diogène[2] prétendaient que l’air est antérieur à l’eau, et qu’il est le principe des corps simples ; ce principe est le feu, selon Hippase de Métaponte et Héraclite d’Éphèse. Empédocle reconnut quatre éléments, ajoutant la terre à ceux que nous avons nommés ; selon lui, ces éléments subsistent toujours et ne deviennent pas, mais le seul changement qu’ils subissent est celui de l’augmentation ou de la diminution, lorsqu’ils s’agrègent ou se séparent. Anaxagoras de Clazomène, qui naquit avant ce dernier, mais qui écrivit après lui, suppose qu’il y a une infinité de principes : il prétend que toutes les choses formées de parties semblables comme le feu et l’eau, ne naissent et ne périssent qu’en ce sens que leurs parties se réunissent ou se séparent, mais que du reste rien ne naît ni ne périt, et

  1. En effet les prêtres de l’Ionie n’avaient pas le système physique de Thalès, et pourtant la mythologie de ces prêtres qui faisaient de l’Océan et de Téthys les auteurs de toutes choses, est le fond primitif d’où plus tard est sorti le système de Thalès à l’insu de Thalès lui-même. La mythologie non seulement précède, mais renferme déjà la philosophie à l’insu de l’une et de l’autre.
  2. Aristote oublie ici Anaximandre dont le système, le τό άπιρον, comme principe des choses, appartiennent à l’ύλη. Il répare cet oubli, l. XII, p. 241. Voyez aussi Physic. Ausc. III, 4, Bekk. I, 203.