Page:Cousin - De la métaphysique d’Aristote, 1838.djvu/157

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Leucippe et son ami Démocrite disent que les éléments primitifs sont le plein et le vide, qu’ils appellent l’être et le non être ; le plein ou le solide, c’est l’être ; le vide ou le rare, c’est le non-être ; c’est pourquoi ils disent que l’être n’existe pas plus que le non-être, parce que le corps n’existe pas plus que le vide : telles sont, sous le point de vue de la matière, les causes des êtres. Et de même que ceux qui posent comme principe une substance unique, expliquent tout le reste par les modifications de cette substance, en donnant pour principe à ces modifications le rare et le dense, de même aussi ces philosophes placent dans les différences les causes de toutes choses ; ces différences sont au nombre de trois, la forme, l’ordre et la position : ils disent en effet que les différences de l’être viennent de la configuration, de l’arrangement et de la tournure ; or, la configuration c’est la forme, l’arrangement c’est l’ordre, la tournure c’est la position. Ainsi, A diffère de N par la forme, AN de NA par l’ordre, et Z de N par la position. Quant au mouvement, à ses lois et à sa cause, ils ont traité cette question très négligemment, comme les autres philosophes. Nos devanciers donc n’ont pas été plus loin sur ces deux genres de causes.


Chapitre IV.