Aller au contenu

Page:Cousin d’Avallon - Diderotiana.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bouche, et qui demandent, et à qui il n’a rien à donner : le désespoir s’empare de lui ; il saisit un couteau, il égorge les trois aînés ; le plus jeune, qu’il allait frapper, se jette à ses pieds, et lui crie : Mon papa, ne me tuez pas, je n’ai plus faim.



Une réflexion bien propre à nous consoler de la briéveté de la vie et à nous résigner à la quitter, c’est que nous sommes tellement abandonnés à la destinée, que si la nature nous avait accordé une durée de trois cents ans, par exemple, je tremble que de cinquante en cinquante ans nous n’eussions été successivement gens de bien et fripons.

La ligne de la probité rigoureuse est étroite ; quelque léger que puisse être le premier écart qui nous en éloigne, cet écart s’accroît à mesure