Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/156

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J’sés mêm’ ’cor solide, et j’ai forte pogne ;
S’i’ vous faut queuqu’un pour gerber, v’nez m’qu’ri.
J’voudrais ben aller aux champs coumm’ tout l’monde ;
J’ai hont’ de rester coumm’ ça sans œuvrer,
À c’tte heur’ qu’i’ fait doux et qu’la terre est blonde.
Si vous m’défermez, c’est vous qu’hérit’rez !

                                La porte !
        I’s veul’nt pas me l’ouvri’, la porte !
Quoué que j’leu-z-ai fait, qu’i’ veul’nt pas que j’sorte ?
        Mais ouvrez-la moué don’, la porte !

Hé ! mon bieau Jean-Pierr’, qu’es déjà qui fauche,
I’s dis’nt que j’sés vieill’, mais tu sais ben qu’non :
À preuv’ c’est que j’sés ’cor si tell’ment gauche
Que j’fais l’coqu’licot en disant ton nom.
Va, j’nous marierons tout d’même et quand même,
Malgré qu’t’ay’s pas d’quoué pour la dot que j’ai !
Viens-t-en m’défermer, si c’est vrai qu’tu m’aimes,
Et courons ach’ter l’bouquet d’oranger !

                                La porte !
        I’ veut pas me l’ouvri’, la porte !