Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/32

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ce qu’avait dit Amiel. Mais la magnifique coquille ! Paysan ou archiduc, pas un héros d’œuvre d’art littéraire qui ne soit infiniment plus représentatif de l’écrivain que de lui-même. Des critiques, et d’autres, qui réfléchissent un quart d’heure par mois aux problèmes esthétiques, croient, dur comme leur cerveau, qu’il y a une littérature réaliste, et une, idéaliste. Les paysans de Balzac ne sont pas plus vrais — quant à leur vie même, — que ceux de George Sand, et ceux de George Sand ne le sont pas moins — quant à leurs sentiments essentiels, — que ceux de Balzac. Autrement dit, c’est Flaubert qui a eu raison de proférer cette vérité première : « Madame Bovary, c’est moi. »

Couté n’est pas romancier : il est poète lyrique, ce qu’il n’aurait pas été s’il n’avait écrit que des chansons en français. Mais ce poète lyrique garde le penchant à la satire et à l’invective qu’il tient de sa race tant particulièrement beauceronne que généralement besogneuse et accablée, et son instrument grince. Il grince, non pas qu’il soit mal touché ; il l’est de main de maître, maître précoce et précocement mort. Ce grincement, je ne l’ai jusqu’aujourd’hui entendu que chez lui. Dois-je dire que je n’affiche pas la prétention d’avoir ouï tous les bruits, ni tous les sons, ni tous les accords littéraires ?