Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien que sur la prose des grandes villes ! Même avec eux, Couté ne perd pas tout à fait l’accent. Laissons celui qui, à tout prix, — c’est-à-dire pour rien, — veut une fille, qui dit leur fait aux riches, qui réclame sa part de vin, que repoussent cabaretier, boulanger, femme et curé. Écoutons celui qui trouve lourde la solitude du dimanche, et cet autre, chemineux ou roulier, qui prétend se moquer des femmes et se met à pleurer en soupirant : « Margot ! »

Mais comme les Goncourt ont eu raison de parler de ces individus « qui ont besoin que les choses ou les gens aient cinq cents ans sur le dos pour leur trouver de la noblesse, de l’actualité ou du génie » ! Voilà vingt siècles et plus, les Gaulois, qui ne cessaient de s’entre-tuer, accueillaient avec faveur les étrangers pour que ceux-ci leur racontent ce qui se passait dans des contrées lointaines. Il leur fallait l’éloignement dans l’espace, à quoi l’on a voulu ajouter l’éloignement dans le temps. De ces scènes évoquées par un Couté l’on dira bien : « Comme c’est loin de nous ! Comme la guerre a changé tout cela ! » Mais ce n’est pas de ce lointain qu’on se satisfait, bien que j’aie la certitude que tous nos contemporains ne sont pas des châtrés ni des cercleux qui se bouchent le nez devant les odeurs fortes, ni les oreilles.